Mme Asta Doubla est la présidente de la Coopérative Mah Moulpa, l’une des rares qui a pignon sur rue en matière de transformation de l’’oignon. Interview d’une innovatrice aux grandes ambitions.
- Qu’est-ce qui vous a amenée à la transformation des oignons ?
«Tout est parti de mon père, qui était cultivateur d’oignons. J’ai constaté avec lui qu’il y avait toujours une période où il était obligé de jeter des oignons pourris, tant la conservation était difficile, étant donné le climat du Nord qui n’est pas vraiment propice à ça. C’est là que l’idée m’est venue : transformer l’oignon en situation d’abondance en poudre pour le conserver en vue de le mettre sur le marché le moment venu. Au-delà, j’ai trouvé une solution au problème du transport de cette denrée : on n’a plus besoin d’expédier de gros sacs de bulbes fragiles, là où un petit colis suffit. Enfin, dans la pratique des ménagères, il est plus facile de faire la cuisine avec l’oignon en poudre ! »
- Un conseil aux producteurs d’oignons ?
«Je leur dis toujours de ne pas s’arrêter à la production de l’oignon, er de s’engager en même temps à le transformer. Pour le conserver et éviter le spectacle désolant des pourritures dans les magasins et sur les routes, avec la perte de revenus conséquente. C’est vraiment nécessaire quand on connaît la pénibilité du travail de l’oignon, entre labour, semis, entretien des champs, récolte, stockage etc. Transformer donne de toute façon une plus-value à la production ».
- Quid de votre nouveau séchoir ?
«J’en remercie beaucoup le Gouvernement et PADFA II ! Auparavant, quand j’ai eu l’idée de la transformation de l’oignon, on faisait tout à la main : un travail un peu pénible et surtout peu hygiénique. Un jour, de passage dans une foire, j’ai eu l’occasion de rencontrer le PADFA II. On a échangé, et c’était parti. Juste après, j’ai reçu du Projet une broyeuse et un séchoir solaire direct avant ce séchoir à gaz. Ce dernier a l’avantage de fonctionner en permanence, contrairement à l’autre qui n’était opérationnel qu’entre février et avril. Il est aussi plus grand en volume, ce qui permet de satisfaire un plus grand nombre de clients. Cette machine à gaz est vraiment providentielle ! »
- Quelles sont les ambitions de Mah Moulpa aujourd’hui ?
«Jetends la main au PADFA II et au gouvernement, pour arriver à une véritable chaîne de transformation une usine même, comme il en existe dans d’autres pays. Le marché de la poudre d’oignon est immense, tant la demande est forte dans les 10 régions du Cameroun. Avec un seul séchoir on peine déjà à satisfaire rien que Garoua ! On pourra alors transformer en poudre le gingembre et les fruits. Pour ce dernier cas nous avons essayé avec la mangue : ça marche ! »