Les producteurs du Mayo-Danay se plaignent avec raison que leur riz ne se vend pas. Souvent, ils
ont de la peine à expliquer ce marasme, se contentant de faire un constat désabusé. Houmoua
Christian, DDADER de Yagoua, est autrement mieux placé pour dire ce qu’il se passe en réalité.
Premier raison qu’il évoque : l’enclavement des zones de production du riz : « Les plus gros bassins
de production ici sont Yagoua, Vele, Kaïkai et Maga ; or ce sont des zones enclavées, comme d’ailleurs
tous les autres arrondissements du Mayo-Danay, à l’exception de Kalfou. En saison des pluies,
impossible pour un véhicule d’atteindre les producteurs où qu’ils se trouvent : alors pas de clients ».
L’autre obstacle n’est pas propre au Mayo-Danay, car il concerne toute la région de l’Extrême-Nord :
il s’agit des tracasseries administratives : «Par exemple, pour sortir le riz du département, il faut
parfois une autorisation du Gouverneur : il existe une note d’interdiction dans ce sens. Or les plus gros
acheteurs viennent du Nigéria. Ils ne peuvent plus emporter leur riz, d’où un manque à gagner
important pour les producteurs, par le retrait de leurs principaux clients traditionnels ».
Cependant, pour le Délégué départemental, le problème de base est simplement que le riz local
coûte cher, et à côté du riz importé pourtant de piètre qualité, pour le consommateur il n’y a pas
match : «Leurs coûts de production sont trop élevés, et personne ne peut vendre à un prix en-deçà s’il
veut faire du bénéfice ».
Comme solution, M. Houmoua ne voit que l’intervention de l’État : «Il faut subventionner les
producteurs, notamment en matière d’intrants qui coutent extrêmement cher et impactent sur le
coût de production, donc sur le prix d’écoulement au marché. On devrait aussi les appuyer en
équipements de transformation de hautes performances, qui n’existent pas chez le producteur
lambda en dehors de la SEMRY et de TPA à Yagoua. Le riz transformé a une plus-value en étant de
meilleure qualité quand il est bien décortiqué ».
