Ce 9 novembre 2022, le petit magasin de fortune de l’une des nombreuses coopératives de Maga
(Mayo-Danay, Extrême-Nord) est rempli de deux choses. D’abord un groupe d’une trentaine de
femmes autour d’une responsable qu’elles connaissent, puisqu’il s’agit de Mme Kaltoumi Djidda,
présidente de la plate-forme locales des producteurs de riz. Puis, du sol poussiéreux jusqu’au
plafond, d’un amoncellement de sacs de riz dont on imagine sans peine qu’ils sont entassés là depuis
longtemps.
Et on comprend l’objet de cette réunion impromptue : ressasser encore une fois la hantise de tous
les riziculteurs de la région, celle de ne pas pouvoir écouler leur riz. Mme Kaltoumi écume
littéralement de rage, quand on lui pose la question à ce sujet : «Nous sommes très gênées, surtout
nous les femmes des coopératives ; malgré les efforts que nous fournissons pour produire avec la
rareté actuelle des intrants, et pour décortiquer et avoir un riz de qualité, nous n’avons pas de
débouchés. Et à cause de cela nous perdons beaucoup ! »
Les autres femmes opinent en murmurant àl’unisson, et confirment, en mousgoum la langue de
Maga. À la question des raisons de cette situation de mévente du riz qui plombe l’activité rizicole ici,
Mme Kaltoumi se veut honnête et répond sans fioritures: «Il est vrai que notre riz n’est pas toujours
convenablement transformé en un produit de bonne qualité, et aussi qu’il est conservé dans de
mauvaises conditions ; de plus, il est mal conditionné, même pas dans des emballages harmonisés de
25 ou 50 kilos. Qui peut avoir envie de l’acheter ? De plus, franchement nous n’en faisons
pratiquement pas de la publicité, il faut le reconnaître. Surtout qu’il y a en plus le problème de
l’invasion du riz de l’étranger, réputé moins cher et plus visible partout  ! »
Après cette tirade balancée d’une traite sous les approbations des participantes qui l’entourent la
présidente a son idée pour trouver des solutions. «Nous souhaitons que le gouvernement appuie plus
les producteurs de riz. D’abord financièrement ; ensuite matériellement, avec des décortiqueuses
modernes et efficaces, des magasins de stockage dignes de ce nom, ainsi qu’en moyens pour un
conditionnement dans des sacs de bonne qualité ».
Mme Kaltoumi aura gardé la doléance la plus importante pour la fin : « Que le gouvernement fasse
tout pour empêcher que le riz importé entre dans notre pays et vienne étouffer l’excellent riz bio que
nous produisons ici ! »

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