
Droumka, un petit village de l’Extrême-Nord, dans l’arrondissement de Yagoua, et en cette saison il fait vraiment chaud aux alentours. Au tournant d’une piste cahoteuse, Doubassou Gabriel nous accueille, sourire aux lèvres.
C’est un homme costaud et plein de jovialité.
Il dit avoir 42 ans, 2 femmes et plusieurs enfants, comme souvent dans la région. D’ailleurs on peut apercevoir les plus grands, adolescents, à ses côtés en cette période de vacances scolaires, pour l’épauler dans ses menus travaux quotidiens. Car apparemment, il n’est pas du genre à rester à ne rien faire dans sa concession.
Une concession qui vaut le détour : plutôt moderne et propre, avec une maison principale visiblement récente en briques de terre cuites rouges, qui tranche franchement avec toutes les autres du quartier, en banco et toit de chaume. Il y a même une plaque solaire sur le bâtiment.
Alors on n’hésite pas à demander à Doubassou comment, lui, en est arrivé là : « Je sors vraiment de loin. Avant que Le PADFA II n’arrive chez nous ici à Droumka, j’étais comme la plupart des autres paysans du coin. Je tirais le diable par la queue. J’ai toujours cultivé sur la même parcelle qu’aujourd’hui. Mais à l’époque, je réussissais à peine 2-3 petits sacs de mauvais riz par hectare. Ça ne rapportait évidemment même pas assez d’argent pour faire vivre décemment ma petite famille ».
Mais d’après lui, les choses ont progressivement changé, avec l’arrivée du Projet il y a 5 ans : « En 2020, le délégué départemental du MINADER à Yagoua nous a mis en contact avec le PADFA II, et notre coopérative Djokjafna a été sélectionnée pour être accompagnée par le Projet dans la production des semences. Mais franchement, au début on n’y croyait pas trop, puisque beaucoup d’autres projets comme ça étaient déjà passés ici toujours pour le riz, sans que ça nous apporte vraiment du changement. On a cependant vite remarqué que le PADFA II, lui, apportait une méthode nouvelle : il nous consultait d’abord pour connaître nos besoins réels, et surtout était toujours à notre écoute, même sur des petits détails agricoles. De plus, les appuis du Projet arrivaient à temps voulu, et ses agents d’appui étaient disponibles pour nous tout le temps en cas de besoin ».





Cependant, d’après Doubassou Gabriel, le plus grand bénéfice que lui aura apporté la présence du PADFA II auprès de sa coopérative est le boost dans sa production de riz : « Le Projet m’a surtout permis de devenir un producteur de riz important. Avec les semences de la variété sélectionnée Nerica L36 qu’il nous a fournies, accompagnées de l’engrais, je vous assure que tout a vraiment changé pour moi. Avant ça, je me faisais difficilement 300 000 francs par récolte. Or, aujourd’hui, je gagne presque 10 fois plus, surtout que j’écoule mon paddy en vente groupée avec les autres membres de la coopérative, comme nous l’a par ailleurs recommandé le PADFA II depuis le début ».
L’heureux riziculteur n’attend même pas qu’on lui demande ce qu’il a réalisé avec l’argent gagné grâce à l’augmentation substantielles de ces revenus. Il n’est pas peu fier de montrer son patrimoine : « Regardez vous-mêmes cette maison. Elle est belle, n’est-ce pas ? On ne dirait pas celle d’un paysan d’ici à Droumka. Il reste la peinture pour la finir complètement, mais cette année je vais faire ça sans problème. Et là-bas au coin de la cour, vous voyez ce troupeau de chèvres ? C’est grâce à l’argent gagné que j’ai progressivement entrepris cet élevage. 20 animaux maintenant, et je continue d’agrandir mon cheptel, avec déjà des porcs. Il y a aussi ma moto, achetée il y a 2 ans pour mes courses et balades quand je veux aller à Yagoua. Sans oublier mon tricycle tout neuf- là, que j’ai acquis surtout pour transporter mon paddy au marché sans me faire arnaquer par les clandos qui pullulent ici-dehors. Et puis, de vous à moi, vous pensez que j’ai pris une deuxième femme l’an passé comment ? »
Dans la cour, ses jeunes enfants jouent aux billes, et il les regarde d’un œil attendri : « Tous mes enfants en âge vont bien à l’école et au collège. L’aîné va même faire le Bac cette année au Lycée de Yagoua.
Alors, Doubassou, un homme accompli grâce au PADFA II ? Il n’hésite pas un seul instant à le reconnaître : « Je ne fais pas de chichis, moi ! Grâce à ce Projet je ne suis plus m’importe qui à Droumka. Et on me connaît même jusqu’à Yagoua maintenant. Je continue ! ».