S’il y a une région au Cameroun où la question genre se pose avec acuité, c’est bien celle dite du Grand-Nord. Très souvent encore, la femme y est confinée à des rôles secondaires, pour dire le moins, comme l’explique une dame, point focal du PADFA II à la coopérative riz Barka Lesdi (Ouro-Doukoudje, Nord)  : « La femme nordiste n’a pas droit à beaucoup de choses comparée aux hommes. Ici chez nous l’homme doit être supérieur et la femme soumise. En général il lui est extrêmement difficile d’exprimer son point de vue ». Bawane Benjamine, présidente de la coopérative Kaikara (Yagoua, Extrême-Nord), précise : « En tant que femme, j’ai toujours eu beaucoup de problèmes avec les hommes, en particulier celui de me voir donner la parole pour dire ce que je pense devant eux. Leur attitude est toujours sur le mode ‘tu es qui pour dire à l’homme ce qu’il doit faire’ ? En fait ici c’est l’homme qui doit donner les ordres et les orientations, et la femme simplement obéir et assumer ». Habiba, présidente de la coopérative semencière oignon Fedygaz (Gazawa, Extrême-Nord), renchérit : « Dans le Grand-Nord, en particulier ici dans l’Extrême-Nord, les femmes ne sont pas autorisées à mener certaines activités, notamment dans le domaine agricole. Surtout parce qu’elles ont difficilement accès à la terre ».

Mais grâce à l’appui du PADFA II, tout au moins dans les coopératives accompagnées par le Projet les choses sont progressivement en train de  changer dans le bon sens. Habiba : « Grâce au PADFA II, dont nous avons reçu des formation en matière d’autonomisation des femmes, nous avons commencé à nous prendre en main. C’est ainsi que par exemple que nous avons réussi à acquérir pour nous-mêmes des hectares de terrain pour cultiver nos oignons. Mais le plus important est que nos maris, particulièrement les responsables religieux, ont compris l’intérêt de notre autonomisation, en ce sens qu’elle ne va pas à l’encontre des principes de la religion  ». Bawane Benjamine salue elle aussi l’action du Projet : « À Kaikara nous sommes heureuses que Le PADFA II ait organisé des ateliers pour faire comprendre aux hommes que la femme peut aussi être devant, et faire ve que l’homme fait autant que lui ».

Résultat : dans la plupart des coopératives, rien ne sera plus comme avant. Amadou Elie, PCA de la semencière riz de Vele (Extrême-Nord) : « Aujourd’hui notre coopérative a même plus de femmes aux commandes que d’hommes. Nous autres sommes là juste pour les accompagner. Elles ont beaucoup de postes clés, par exemple la présidente de notre Comité de surveillance est une femme ». À la coopérative Barka Lesdi , le point focal genre: « Nous devons dire merci au PADFA II pour avoir, à travers des formations sur l’égalité et le genre, nous a outillées pour faire le poids face aux hommes. Depuis l’année dernière les choses sont en train de changer : sur les 34 membres de la coopérative, les femmes sont déjà 17, ce qui n’est pas mal pour un début. Nous sommes déjà présentes dans la direction, notamment dans le Comité de surveillance ».

Plus récemment, et pour raffermir encore plus le leadership féminin, le PADFA II a organisé des ateliers de renforcement des capacités de femmes leaders des coopératives de l’antenne de Maroua. Objectif : les préparer à relever les défis qui se présentent à elles en tant que femmes, dans la gestion de leurs groupes.

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