Les coopératives ont mal à l’aspect genre : les femmes jouent encore trop le rôle de simples membres, presque de supplétives. Elles ne s’en plaignent pas ouvertement, mais en petit comité, quand leur parole est libérée, elles ne se privent pas de dire leur malaise.
C’est le cas de Mme Naouassa Rosalie, du GIC de producteurs de riz Tekhara (Mafakita, Garoua 3 ème ) : « Nous avons beau travailler dur, mais les hommes nous dérangent dans les coopératives. Ils n’ont pas notre intelligence. Je le dis parce que en général ils s’activent uniquement pour leurs intérêts personnels, alors que nous nous travaillons de tout notre cœur pour l’évolution collective de notre village. Quand l’argent de notre travail tombe, , les hommes oublient que nous pouvons mener avec ça nos activités à nous comme le petit commerce. De plus, contrairement à eux, c’est nous qui nous occupons de l’éducation des enfants : ils n’y pensent simplement pas. C’est une très mauvaise mentalité. Nous n’avons pas moyen de protester, parce que malheureusement la plupart des femmes n’ont pas fréquenté : elles n’expriment donc jamais ce qu’elles pensent ».
Même  son de cloche de Mme Grakaida Jacqueline, vice-présidente de la coopérative semencière Kalsendi (Kismatari) : «Ici au Nord, avec les traditions, dans le fonctionnement des coopératives, une femme ne peut pas être élue présidente, alors que nous pouvons mieux gérer, puisque nous visons l’intérêt général, contrairement aux hommes. Nous avons souvent de meilleures idées, mais peinons à les exprimer. Dans les bureaux des coopératives, en réalité ce sont les femmes qui devraient être trésorières ou commissaires au compte, parce qu’elles maîtrisent mieux la gestion. Mais les hommes ne l’acceptent pas ».

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