L’idée est entendue sur tous les tons : le riz produit localement s’écoule difficilement sur les marchés, concurrencé par le riz d’importation généralement estampillé « riz chinois » (même s’il est désormais très souvent indien ou thaïlandais). Or quand on sillonne le grand marché de Garoua, le son de cloche est tout à fait différent.
Moussa, un commerçant apparemment prospère tant les clients défilent dans sa boutique, est formel : « Le riz produit localement se vend très très bien ! Les gens l’apprécient beaucoup, parce qu’ils savent qu’il est vraiment bien, sans composants ». Moussa dit ne pas comprendre d’où vient même l’idée que le riz local est négligé : « Ici à Garoua, le riz qui vient en particulier de Lagdo – le riz Maro par exemple – , est bel et bien présent sur nos étals, sous tous les calibres : 5%, 25%, brisures.
Et contrairement à ce qu’on dit parfois sans savoir, il est moins cher que le riz chinois : quand ce dernier est 13 500 le sac de 25 kilos en 25%, le nôtre coûte seulement 12 000-13 500. Il n’y a pas match ! »
Cependant , déplore Moussa, le seul problème avec le riz produit localement est que l’offre ne suit pas la demande : «Souvent les grossistes ne nous livrent pas , faute d’avoir été fournis par les producteurs, et alors il y a rupture. Cela décourage beaucoup la clientèle, qui est habituée à ce bon riz.
Voilà une situation fort paradoxale, surtout si on la compare à celle de la Vallée du Logone, où le problème de la mévente du riz local est réel. Ce qui fait la différence tient probablement au fait que, contrairement à Maroua, Yagoua ou Maga, où les gens mangent surtout le couscous de mil, Garoua est plein de consommateurs de riz. Une chance pour les producteurs.

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