Le responsable de la SEMRY admet d’abord que l’Etat fait des efforts et investit beaucoup de moyens
pour la production du riz dans la Vallée du Logone, en particulier dans les périmètres de la Société et
dans les périmètres riverains de ceux aménagés. Mais selon M. Dassidi Sadani, «Cette production
n’est pas capitalisée pour le marché camerounais. C’est comme si nous investissons pour produire,
sans récupérer correctement notre production : ce sont les Nigérians et les Tchadiens qui viennent la
prendre à la limite bord-champ. Donc, dire que le riz produit localement ne se vend pas est inexact :
plutôt, il se vend mal. Car ce ne sont pas les producteurs locaux qui fixent eux-mêmes le prix, mais les
preneurs venant en majorité du Nigéria. »
La principale raison de la difficulté d’écoulement du riz local sur le marché camerounais est, dit-il,
dans les coûts de production très élevés, et il est donc vendu plus cher comparativement au riz
importé, malgré sa bonne qualité ; « N’allez pas demander à une ménagère de prendre un riz à cause
de sa qualité ; elle va acheter celui qui est moins cher, et c’est bien le riz importé qu’elle trouve
partout ! Notre riz a du mal à se vendre dans ces conditions. »
Dans le même ordre d’idée, le directeur technique prend l’exemple du riz de la SEMRY : « Nous
réussissons à transformer une bonne quantité, mais elle ne s’écoule pas non plus facilement. Car
même les distributeurs ont du mal à venir le prendre, probablement parce que leur marge
bénéficiaire n’est pas la même que sur le riz d’importation : ils ne veulent donc pas prendre la
production locale pour la mettre sur le marché »
L’autre grande difficulté, qui agit également sur les coûts, est que le riz de la Vallée du Logone est
produit loin des gros centres de production que sont Yaoundé et Douala, ce qui va renchérir le prix
de vente : «Nous produisons certes le riz localement, mais ici nous consommons le mil !», précise t-il.
Face à tous ces problèmes de la commercialisation du riz local, M. Dassidi Sadani ne voit qu’une
solution, l’intervention du gouvernement : «Il faut que l’État garantisse les conditions de vente de ce
riz local. Il a pour lui-même beaucoup de besoins, par exemple les établissements publics, les
pénitenciers etc., pour lesquels il peut acquérir ce riz directement, éventuellement sous-forme de
péréquation ».
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